Césars du voyage responsable : Les « awards » de trop ?

Cet article a pour objet principal d’offrir en toute indépendance à nos lecteurs, tous les éléments de réflexion permettant de répondre à l’interrogation proposée dans son titre, notamment en reprenant l’historique des divers événements organisés depuis 15 ans

(il se trouve ci-dessous après les questions initiales).

PRÉAMBULE :

Et pour cela, voici - me semble-t-il – certaines questions à se poser.

  • À qui l’organisation de ces « awards » profite-t-elle prioritairement ? - Les consommateurs ? – Les organisateurs ? – Les réseaux promouvant leurs agences de voyages ? l’État ?

 

  • Un magazine s’adressant à des Tour-Opérateurs est-il habilité à s’auto-proclamer « censeur » du tourisme responsable ou durable ?

 

  • S’agit-il d’information ou de communication ?

 

  • Les journalistes participant à cette action se trouvent-ils dans une situation conforme à la déontologie de leur profession ?

 

  • Un guide de voyages - alors que ceux-ci ont généré des sur fréquentations un peu partout sur la planète - est-il légitime s’il participe à l’organisation d’un évènement relatif au tourisme responsable ?

 

  • Selon quels critères le choix des nominés est-il réalisé ?

 

  • Par quels experts ? Choisis en fonction de quelles raisons ? Leurs qualités propres ? Leur appartenance à des réseaux ou des structures partageant les intérêts de l’organisateur ?

 

  • Un voyagiste, membre d’un réseau créé par des T.O dans le but de communiquer au seul bénéfice de ceux-ci, peut-il prétendre à la qualité d’expert et intégrer le jury ?

 

  • Comment croire au caractère désintéressé des choix de celui-ci ?

 

  • Un homme politique a-t-il vocation à devenir membre du jury d’un tel évènement ?

 

  • Pourquoi le fait de postuler est-il payant ?

 

  • Est-il normal qu’il soit proposé un package incluant candidature et communication ?

 

  • Ces deux derniers points ne faussent-ils pas considérablement les résultats et la crédibilité de l’évènement ?

 

  • Un croisiériste proposant de nombreux voyages en Méditerranée peut-il prétendre à intégrer le secteur du tourisme responsable, même si ses bateaux utilisent le GNL – combustible pas si vertueux qu’annoncé ?

 

  • Une structure regroupant des agences réceptives, évitant d’informer le jury et les votants du fait qu’elle appartient à l’un des deux groupes financiers qui se sont accaparés le domaine du voyage aventure suite à de nombreux rachats, peut-elle prétendre faire du tourisme responsable ?

 

  • Qui peut expliquer pourquoi de nombreux acteurs de terrain ne souhaitent pas participer à ce genre d’évènements, et pourquoi si peu ont-ils été mis à l’honneur par le passé ?

 

  • Une autorité compétente, représentant l’État, et s’appuyant sur un large comité d’experts reconnus – ne retirant aucun bénéfice direct ou indirect des nominations – incluant des acteurs de terrain et des voyageurs avertis (ce qui n’est pas le cas des récents Trophées Horizon) ne serait-elle pas la plus à même d’organiser un tel événement, pour peu qu’il soit souhaitable de mettre en avant quelques opérateurs parmi une multitude ?

 

Quelques retours en arrière s’avèrent indispensables pour comprendre ce complexe sujet, vu de l’intérieur !

L’un des arguments martelés depuis 15 ans est que ces « awards » servent à inciter les voyagistes ou les hébergeurs à faire voyager ou recevoir leurs clientèles de manière plus responsable ou « durable ».

Nous verrons en conclusion si tel est bien le cas.

Mais d’ores et déjà, ajoutons deux question aux précédentes :

Pourquoi accepter les candidatures de grands groupes quand le tourisme durable est essentiellement l’affaire des artisans du voyage et des adeptes de la microéconomie ?

Une structure s’inscrivant dans une démarche macroéconomique peut-elle prétendre faire partie du domaine du tourisme durable ?

 

HISTORIQUE des Awards :

 

1 - Les Trophées du tourisme responsable (VSC). 2007 - 2012

Les premiers « awards » furent Les Trophées du tourisme responsable, organisés de 2007 à 2012 par Voyages SNCF.com.

L’organisation de ces récompenses décernées à de soi-disant acteurs du tourisme responsable a débuté par cette déclaration de sa Directrice

« Depuis plus d'un an, Voyages-sncf.com mène une réflexion sur sa Responsabilité Sociale et Environnementale, avec la volonté particulière de contribuer à un tourisme plus respectueux de l'homme et de l'environnement ».

S’ensuivit l’annonce de l’organisation des Trophées du tourisme responsable.

Je n’ose imaginer la risée générale que susciterait en Espagne une telle déclaration émanant d’un voyagiste proposant sur son site (offre de l’époque) :

  • Des vols secs
  • 40 offres pour la seule destination République Dominicaine en 9 jours / 7 nuits, à partir de 586 euros, « en all inclusive » c’est à dire sans avoir à sortir de l’hôtel
  • Des croisières sur le Nil à partir de 467 euros, 8 jours / 7 nuits, quand la même prestation coûtait 1300 euros en moyenne dans les années 90.
  • Des croisières transatlantiques de luxe où seulement 1% de ce que consomment les voyageurs provient de la région où se déroule le voyage

Une fois autoproclamé censeur du tourisme responsable, Voyages -SNCF.com décerna le 20 septembre 2007 le prix du tourisme équitable et solidaire à Atalante, agence que j’allais quitter un mois plus tard en déclarant : « J’y suis entré pour l’éthique, je m’en vais pour son manque d’éthique » dans une lettre qui reçut de nombreux soutiens de mes ex-collègues, dont celui d’un chef de produit, qui, ayant fait les mêmes constats que moi, m’annonçait qu’il venait de poser sa démission.

À l’époque ce voyagiste d’aventure proposait déjà plus de 300 circuits dans le monde, du simple voyage découverte à l’expédition, en passant par les voyages en liberté, à la carte, en famille…

Mais en dehors de deux voyages à Cuba issus de ma production, accompagnés en 2000 (ayant fait l’objet de travail dissimulé), aucun voyage proposé sur ses catalogues ne pouvait revendiquer d’appartenir à la catégorie « tourisme équitable et solidaire » …

Bien évidemment, alors que j’étais en pleine création de l’Association des Voyageurs et Voyagistes Éco-responsables avec des ex-clientes d’Atalante déçues…, je ne pouvais rester sans réaction…

V.V.E a ensuite accueilli un grand nombre de structures, guides, ou agences, ne cautionnant pas ce qui se passait dans le monde de l’aventure et du tourisme « responsable »…

Ses deux premiers voyagistes-adhérents furent Hommes et Montagnes (la toute première agence d’aventure) et Terres Oubliées.

Et encore aujourd’hui, ses membres les plus fidèles, comme le tout dernier, adhèrent eu égard à ce positionnement.

 

À propos des Trophées du tourisme responsable, fin 2007,  j’écrivais ceci.

« En consultant le site des Trophées, on s’aperçoit rapidement qu’il n’a en rien servi à un débat d’idées, à une information des voyageurs, voire des employés des voyagistes (curieusement totalement exclus du jeu), mais uniquement à quelques associations ou personnes impliquées dans le tourisme responsable en leur permettant de s’échanger des informations et des adresses ».

Quinze ans plus tard, aucun de ces mots n’est à changer…, si ce n’est que cet événement a permis la formation d’une collusion d’acteurs autour de leurs intérêts personnels ou de ceux des structures au sein desquelles ils opèrent.

 

Immersion au cœur de ces Trophées

En 2008, alors que j’avais publié mon premier ouvrage et demandé des autorisations de citations aux rares personnalités spécialistes de ces questions, je reçus ce message de la part de l’une d’entre elles :

« J'ai un petit conseil à vous demander.

Je me retrouve dans le jury de voyages-sncf.com pour les trophées du tourisme responsable.

C'est très intéressant mais cela pose de gros problèmes de conscience.

D'abord parce que c'est mal organisé étant donné qu'on retrouve dans le même groupe des voyagistes (celui que j'ai proposé d'aider à évaluer) des boîtes aussi différentes que Costa Croisières et Vision de Monde et puis parce que les dossiers sont mal remplis par les promoteurs.

Etant donné qu'il s'agit quand même de leur offrir une visibilité d'un ou deux ans sur le site Internet de voyages-sncf.com (valeur de plus de 5000 euros de pub gratuite), je voudrais vraiment faire les choses au mieux.

Bref, je me retrouve à devoir départager 3 associations loi 1901 et 3 petits T.O. à but lucratif dont j'ai bien du mal à savoir ce qu'ils valent vraiment.

Parmi eux, Chamina. Pourriez-vous me dire ce que vous en pensez ? Je sais que vous les connaissez puisqu'ils font aussi partie du réseau ATR ».

Ce à quoi je répondis :

« Votre demande me met aussi dans l'embarras puisque V.V.E réfute les Trophées du Tourisme responsable. Pourtant, nous aurions pu être primés dans la catégorie Information, mais nous nous mettons sciemment hors-jeu.

Que Costa Croisières puisse postuler est déjà en soi un gage de non crédibilité de cette belle mascarade.

Concernant Chamina :

À son actif : de garder un réel savoir-faire sur sa production en France, et de faire travailler, plus que les autres membres d'ATR, des accompagnateurs en montagne diplômés.

En sa défaveur : avoir largement contribué au développement industriel de la randonnée en liberté, et de ce fait, elle a mis au chômage une grande quantité de petits opérateurs et guides des Cévennes et d'Auvergne, ainsi que de nombreux accompagnateurs diplômés avec la concurrence déloyale engendrée par les gammes « randonnées en liberté » qui se trouvent désormais dans tous les catalogues.

Elle commercialise en outre en toute opacité des voyages co-produits avec Atalante (donc sans savoir-faire propre) et vice et versa.

Chamina est un voyagiste d'aventure au même titre qu'Atalante ».

Cette personne membre du jury me répondit ceci :

« Cela m'aide beaucoup. Il est vrai que ces trophées sont biaisés par nature (déjà parce que c'est un distributeur de voyages qui les organise).

Je compte bien utiliser cette tribune que représente la discussion du jury pour faire entendre toutes les critiques que j'ai (et il y en a beaucoup).

Rares sont les démarches bien faites et bien communiquées.

La plupart demandent à être crus sur parole, chose que je ne peux pas accepter ni d'un TO ni d'une association ».

 

Fin 2008 après la publication d’un article s’opposant à ces Trophées, je reçus une invitation à participer à la cérémonie officielle de remise des prix, que je déclinai.

Cette année-là, VoyagesPourLaPlanète.com reçut le prix « information », cela ne s’invente pas !

Un voyagiste proposant 190 voyages dans 45 pays, associé à la création d’une association fantôme créée à unique fin de commercialiser ses offres (pendant 15 ans)…, primée pour avoir fait de l’information…

 

En 2009, suite à l’annonce de la 3ème édition, je reçus ce message d’Alain Laurent, la personne la plus compétente sur ces sujets, et membre du jury :

« Si les trophées (et VSC avec) font fausse route, c’est que tout le monde a été abusé.

Notamment les membres du jury, parmi lesquels je connais assez bien Hervé Barré (UNESCO) et, dans une moindre mesure, Eugenio Yunis (OMT).

 

En 2010, Allibert trekking fut déclaré lauréat dans la catégorie agences de voyages, l’une de celles ayant eu maille à partir avec le Collectif COPRELS qui défendait l’emploi des guides diplômés sur les massifs montagneux (obligation légale bafouée par de nombreux voyagistes d’aventure depuis 1997).

 

En 2012, après moult péripéties, je fus invité à intégrer le comité d’experts.

J’acceptai l’offre afin de pouvoir observer « le monstre » de l’intérieur.

Et à la fin de l’année, je me rendis à Paris à la soirée de gala, pour vivre une ambiance très éloignée de celles auxquelles est habitué un acteur de terrain du tourisme responsable…, qui me permit de voir en chair et en os Nolwen Leroy…, invitée pour quelle raison ?

Notons que de 2007 à 2012, Atalante fut primée par trois fois…

Or, il s’agit de l’agence à l’origine de l’association ATR (Agir pour le Tourisme responsable), et qui, curieusement, me doit toujours à ce jour cinq trimestres pour travail dissimulé de 1998 à 2000…

Ce tourisme responsable-là semble avoir deux facettes, l’envers du décor ressemblant fort peu à l’affichage.

 

2 - Les palmes du tourisme durable

Le collectif d’acteurs réunis autour d’ATD, ATR, et Tourmag- s’étant rencontrés au cours de divers évènements ayant eu lieu entre 2007 et 2012 (dont ces Trophées, et les deux Forums Nationaux du Tourisme Responsable organisés par V.V.E) - a pris le relai pour instaurer les Palmes du tourisme durable en 2017.

Parmi les membres du jury de la dernière édition : deux journalistes, Le Président d’ATD, une représentante du MAE, à l’origine de l’ATES, une autre de l’ADEME.

De véritables experts du secteur (guides, universitaires, chercheurs, représentants des Parcs, acteurs de terrain) : aucun, si ce n’est le Président d’ATD de l’époque qu’il est très difficile de pouvoir qualifier d’impartial…

Notons que Les Trophées du tourisme responsable en réunissaient une quinzaine, dont des personnes connaissant le sujet, et que les commentaires ci-dessus mentionnés ont été écrits sur cette base…

Alors comment six membres d’un jury composé de personnes n’étant pas sur le terrain peut-il s’avérer efficace et pertinent ?

Ce qui donne ce genre de résultats :

En 2018 :

Dans la catégorie « Voyage » (GE)* : Salaün Holidays, pour la réduction de son empreinte carbone par le reboisement des forêts bretonnes… « Entre septembre 2016 et 2017, 1200 arbres ont été achetés et plantés en Bretagne par Salaün Holidays.1 300 autres devraient être plantés cette année ».

ATD et Tourmag ne nous disent pas combien d’arbres ont été brûlés sur la planète dans ce même laps de temps… Ni quel gain pour la planète représente la plantation de 2 500 arbres…, chiffre qui semble dérisoire en comparaison avec d’autres actions moins médiatisées.

Concernant Salaün, il s’agissait probablement d’une petite récompense décernée à Monsieur Orofino, ayant œuvré un temps à la création d’un label pour le Syndicat National des Agents de Voyages, puis a rejoint la démarche vers le label ATR, personne qui écrit parfois quelques papiers pour Tourmag

Comme cette pépite

La boucle est bouclée.

En 2018 toujours

Dans la catégorie « Hébergement » (GE)* : Barrière, pour son « Challenge anti gaspi » et « La sensibilisation de ses Chefs ».

Ici, est mise en lumière la technique la plus utilisée par les grands groupes, gros T.O, ou croisiéristes, en mal de verdissement, candidats à ces « awards » :

La mise en lumière d’actions restant très largement minoritaires eu égard à l’activité économique de ces structures….

Enfin en 2018 encore

Coup de cœur du public » : Double Sens, pour son initiative « Bon Sens Carbone » et le financement participatif des cuiseurs à bois économes.

On tourne toujours en rond autour des Associations ATR, ATD, au moment où la compensation carbone est devenue l’objet de toutes les communications, certains prétendant même compenser 100% de leurs émanations… Communication qui semble atteindre un public non averti, malheureusement !

Nous sommes, ici encore, dans le système qui consiste à mettre en avant des actions minoritaires par rapport à l’activité principale des candidats : Vendre des voyages, des nuitées ou quelque prestation.

Sur cette question, nous avons démontré, avec un scientifique de renom, que compenser sans avoir au préalable tout fait pour limiter ses émissions, revient à s’accorder un droit d’émettre des émissions de CO2 qui auront bien lieu.

En 2020, nous avons eu droit à ceci, après que le croisiériste Ponant soit passé du statut de sponsor, à celui de candidat, puis finalement atteindre celui de « lauréat » !

Un cas unique certainement, tous « awards » confondus…

Avec cette récompense et sa justification : « Ponant, pour l’élimination totale de l'utilisation du fuel lourd remplacé par un combustible vertueux ».

Il ne reste plus qu’à croire sur parole les organisateurs et TV5 Monde à propos du caractère vertueux du GNL (non cité – volontairement ?).

Ce qui ne semble pas être l’avis de l’ONG Tourisme et Transports, composée de véritables experts, qui, munis de caméras infrarouges concluent : « Ces navires peuvent se draper de vert, mais sous le voile, la vérité est que la plupart des navires au GNL en service aujourd’hui sont plus nuisibles pour le climat que ceux qu’ils remplacent.

CMA CGM présente le GNL comme un carburant durable, mais garde le silence quand il s’agit du méthane. C’est ce que l’on peut appeler du flagrant délit de greenwashing ».

Cette ONG a démontré, grâce à ses caméras, que du méthane non brulé s’échappait de la plupart des bateaux propulsés au GNL.

Or, selon le 6e rapport d’évaluation du GIEC, le méthane a un pouvoir de réchauffement 29,8 fois plus important que le CO2 sur 100 ans et 82,5 fois plus sur 20 ans.

Notons que Ponant récidive cette année en postulant aux Césars du voyage responsable !

Avec un nouvel argument :

« Le dernier navire, le Commandant Charcot amène des scientifiques (en océanographie, biologie marine, climatologie, recherche médicale mais aussi en sciences humaines telles que le tourisme durable) dans l'Arctique ».

Pour tout savoir sur cette question, Le Média du voyage durable vous recommande de lire cet article, publié par Reporterre après avoir écrit celui-ci.

Le plus gênant – me semble-t-il- dans cette affaire, est la présence au sein du jury ayant décerné ce prix - avec ces arguments - de représentants des institutions officielles…

 

3 - Les Trophées du voyage durable

Plus par dérision, qu’envie de me transformer en organisateur d’« awards », je créais en 2019 les Trophées du voyage durable, en lien avec les membres des réseaux et experts que je côtoie depuis quinze ans, à l’exception d’ATR et d’ATD, vous l’aurez compris.

Leur but principal :

Montrer qu’un véritable système d’évaluation était nécessaire afin d’attester de l’écoresponsabilité réelle du candidat, ou, au contraire, de pouvoir démasquer les supercheries et actions de greenwashing.

Pour cela, nous disposions de SEVVE, l’unique Système d’évaluation établi de manière non commerciale, existant en dehors de celui utilisé par les Parcs nationaux.

Cet évènement permit de découvrir, outre ceux que je connaissais déjà pour leur engagement, la structure Itinéraires partagés.

Si ces « awards » doivent avoir une quelconque utilité, c’est en ce sens : découvrir des structures de terrain réalisant du très bon travail.

Évidemment, pas en faisant payer les candidatures !

 

4 - Les Trophées Horizons (2022)

Ces nouveaux « awards » semblaient avoir tiré les leçons des précédents évènements, notamment des « Palmes ».

Ici, pas de croisiéristes, et dans son ensemble, il s’agit d’une démarche plus conforme à ce qui serait souhaitable.

Oui, mais voilà, ne s’improvise pas connaisseur du terrain qui veut ! Et pour connaître ce que fait un voyagiste d'aventure, c'est bien sur le terrain que cela peut être évalué...

Et puis, il y a toujours les fidèles alliés (ATR) à mettre en avant.

Alors, la nomination de Nomade aventure vient mettre à mal le positif que j’aurai pu exprimer à propos de ces récompenses…

Oui, car dans le milieu du trekking, cette agence a souvent été décriée par les guides et accompagnateurs.

Et de mon côté, j’ai géré en 2016 un lourd dossier d’abandon d’un client blessé au Sri-Lanka, puis découvert la suppression de neuf commentaires négatifs pour le même voyage à Cuba, se déroulant dans un lieu que je connais parfaitement, quand l’agence affichait plus de 90 % de clients satisfaits….

La note de 3,7 des avis sur Facebook semble plus conforme à la réalité, car là, il n’est pas possible de retirer des commentaires sans faire hurler ceux qui les ont écrits (pour 154 avis – on est loin du pourcentage affiché par l’agence, 74% - un client sur 4 n’est donc pas satisfait…).

Ici encore, on a utilisé la bonne tactique qui consiste à mettre en avant des actions minoritaires parmi une offre globale très différente, incluant des autotours sans guide (Où est l’aventure ?).

Et pour pouvoir exprimer un avis concernant la gamme spécifique dédiée aux circuits utilisant le train, le plus important serait de savoir quel pourcentage des voyageurs de l’agence s’inscrivent sur ces voyages en train – et pas le nombre de voyages proposés.

Car une autre duperie parfois utilisée par ces agences est de mettre en brochure des circuits qui ne partiront jamais, juste pour se donner une certaine image, notamment celle de spécialiste.

Donc, cette fois encore, l’information adressée au public concerné semble biaisée.

L’argument massue pour justifier ces Trophées, celui de faire connaître le tourisme responsable à un large public, se trouve donc être véritablement caduc par ce type d’exemples.

Il est également facilement démonté en comparant -par destination et voyagiste -les voyages qui se vendaient avant 2004 (date de création d’ATR) et ceux d’aujourd’hui…

Pour ma part, en ayant créé une trentaine pour le groupe Atalante (1998 – 2007) - qui incluait Terra Incognita à l’époque, - je constate qu’aucune évolution positive – quand ce n’est pas l’inverse – ne s’est fait jour depuis.

Pour s’en convaincre, il suffirait de consulter les brochures Terra Incognita d’avant 2007, organisme phagocyté par Continents Insolites ensuite, puis sacrifié sur l’autel de l’industrialisation.

Pourtant, ce sont les voyageurs qui voyagent !

Ils auraient à juste titre besoin d’une information qui ne soit pas tronquée.

 

5 - Les Césars du voyage responsable

Avec ces « Césars », nous voici revenus dans le bling bling, la communication à outrance, que peut-il en sortir ?

D’où la question suivante : Est-ce qu’ils représentent les « awards » de trop ?

Le jury, composé de 12 personnalités issues pour la plupart du monde du voyage industriel (Jet-Tours – TUI – MSC Croisières – Club Med – Avis -SETO – Air France) semble encore plus éloigné du terrain que les précédents.

Il ouvre sa porte également à la politique…, et bien-sûr, n’oublie pas les représentants du microcosme habituel.

Alors, à la question de savoir si les Césars du voyage responsable constituent les « awards » de trop, vous pouvez vous faire votre propre opinion à la lumière des éléments d’information fournis ci-dessus…

Quoi qu'il en soi, il semble que si un tel évènement devait avoir une quelconque justification, il devrait être organisé par une institution d'État compétente, et pas, comme ce fut le cas des trophées Horizons, en soutenant une initiative privée non dénuée d'intérêts particuliers.

En outre, il s'agirait a minima de  l'encadrer, sans accepter le bon vouloir d'un simple magazine dont le but est de développer son propre business.

 

Conclusion

Cet article n’a évidemment pas pour objet de nuire aux postulants les plus vertueux, que nous saurons identifier avec notre système d’évaluation SEVVE et notre large connaissance du secteur…

À propos desquels nous aurons tout loisir de communiquer si nécessaire…

Déjà largement sous l’emprise du privé, avec des associations qui œuvrent avant tout à leurs propres intérêts, voire à ceux de leurs membres - qui semblent avoir infiltré les institutions - le domaine du tourisme responsable, me semble-t-il, n’avait pas besoin des « Césars du voyage responsable » pour ajouter de la confusion à ce qui est déjà largement inaudible pour le grand public, les voyageurs, et les jeunes qui désirent s’engager pour un tourisme plus vertueux et se trouvent trompés par cette situation..

Les problèmes de gouvernance en France, que nous ne cessons de pointer du doigt, éclatent ici au grand jour, en particulier au niveau du sommet de la pyramide.

Car c’est bien au niveau supérieur que devrait se situer la suppression des labels de complaisance et du greenwashing, l’instauration d’une politique claire incluant des objectifs définis, l’organisation d’une offre d’écotourisme à l’intention des visiteurs (en lien avec les acteurs de terrain, leurs représentants, et les parcs) – c’est-à-dire ce que nos voisins espagnols ont réalisé depuis une vingtaine d’années.

Aujourd’hui, en France, concernant le tourisme dit « durable », ce « bazar » de plus que représentent les « Césars du voyage responsable » appelle à se demander qui pilote une politique cohérente dans notre pays ?

Ce sera l’objet d’un prochain article.

≠TourismeResponsable - ≠TourismeDurable

 

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Auteur : 
Jean-Pierre LAMIC

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