Les acteurs du voyage d'aventure aujourd'hui

Naissance du voyage d'aventure

Dans les années 70 est né le voyage d’aventure, la vraie…
L’histoire du voyage-aventure se confond avec les rêves d’enfants de ses pionniers et leurs successeurs, sous l’influence principalement de lectures qui ont bercé des générations : Jules Verne, Jack London, Théodore Monod, Nicolas Bouvier, Tintin, et même Astérix sont en grande partie à l’origine de cette idée du voyage.
La télévision des années 60 à 80 avec les émissions du Commandant Cousteau, de Paul Emile Victor, d’Aroun Tazieff, de Philippe Dedieuleveu, etc., a, de plus largement, contribué à la vulgarisation de l’aventure.

Ces lectures et rêves télévisuels ont poussé toute une jeunesse bercée par mai 68 sur les routes du Sahara et du Moyen-Orient.
La traversée Nord-Sud de l’Algérie financée par la revente en Afrique noire des véhicules utilisés ; celle reliant Istanbul à l’Afghanistan ; la montée vers le Cap Nord sont devenus les itinéraires mythiques de cette époque.

Les héroïques 4L, 2CV, et 504 ont obtenu une bonne part de leurs galons et lettres de noblesse dans ces trajets au long cours.
Cette époque d’insouciance s’est achevée à la fin des années 70, avec les changements géopolitiques induits par l’invasion russe de l’Afghanistan et la Révolution iranienne.

Pour ma part, « accompagné » par Ted Simon et ses Voyages de Jupiter, je faisais tout à l’envers, juché sur un deux-roues qui finit par faire le tour du compteur : les traversées Nord-Sud du Maroc, me heurtant ainsi à l’armée locale en proie avec le Front Polisario, et Est-Ouest de l’Algérie, naviguant entre le Nord et le Sud, sur un axe ayant la forme d’une dent de scie !
Quant au Moyen-Orient, je suis arrivé trop tard pour dépasser le mont Ararat !

 

Les pionniers du secteur du voyage d'aventure

Le tourisme d’aventure, mais aussi ce que l’on nomme aujourd’hui le tourisme solidaire (hors tourisme social) sont nés avant-hier, en 1969 avec la création d’Hommes et Montagnes (aujourd’hui disparue – l’agence, pas la marque…).

L’acte fondateur semble être cette première traversée Tamanrasset ‑ Janet réalisée par Odette et Jean-Louis Bernezat, ses fondateurs, en 1974.
Puis, Terres d’Aventure, créée par Daniel Popp et Explorator s’installèrent dans ce secteur (1976), tandis que le Club Méditerranée (1950) emboîtait le pas de l’aventure à partir de ses villages de vacances, et Nouvelles Frontières (1967) avec une gamme spécifique.
Les territoires de prédilection de ces agences étaient d’abord les déserts, le Sud marocain, la Grèce (déjà), puis vinrent le Népal, le Ladakh, etc.

À partir des années 90, d’autres formes d’aventures ont vu le jour : les raquettes à neige se sont développées ainsi que le ski de randonnée, le canyoning, le rafting, les raids à V.T.T, à cheval…, d’autres territoires se sont ouverts, pour former l’un des secteurs d’activité les plus porteurs…, tandis que le Club Med s’en retirait à partir de 1987.
 

La Standardisation et l'industrialisation du tourisme dit d'aventure

Cette époque s'est achevée en 1997 avec la décision de Club Aventure de retirer les guides de haute montagne des ascensions au Kilimandjaro, puis avec la vente de Terres d'Aventures en 2001...

 Depuis les  années 2000 à aujourd’hui, que s’est-il passé dans le domaine de « l’aventure » ?
Il s’est standardisé, les guides historiques détenteurs des savoir-faire ont été évincés petit à petit, les rachats se sont succédé pour aboutir à la constitution de deux groupes financiers regroupant une grande partie des acteurs historiques, sauf ceux qui ont disparu et d'autres qui ont résisté…

Les guides et voyagistes qui ont résisté à l'industrialisation

De 1983 à 1996 environ, on a vu se créer des agences de 2ème génération, dont Aventure et Volcans (1983), Croq’Nature (1985), Horizons Nomades (spécialiste de l’Algérie), Tamera (1994), et Saiga voyages en 1996.
En 1999, est née TIRAWA.

À partir de 2003, les déçus de l’industrialisation en cours ont créé la 3ème génération…
Terres Oubliées en 2003 , Akaoka (2004), AMAROK l'esprit nature en 2008 (mes ex collègues d’Atalante et Terra Incognita), puis Les Matins du Monde, qui, à partir de 2011 a employé des guides venus d’Hommes et Montagnes ayant disparu cette année-là.
En 2012, Secret Planet réunit Saiga (immersion et écovolontariat), Tamera (rencontres) et Expeditions unlimited (voyages en compagnie d’explorateurs).
 
Avec Explorator -, qui a gardé son âme depuis son origine, voici donc les agences proposant encore des voyages que l’on peut qualifier « d’aventure », auxquelles il convient d’ajouter quelques-unes adhérentes de l’ATES, plus orientées vers la rencontre.
 
Pierre Neyret (Pakistan), Louis Meunier (Afghanistan), Jean-Michel Neveu – agence Pas à Pas (Népal), Fabrice Apère (Ladakh et Népal), Michel Clar (Grand Nord), Stéphane Thamin (Madagascar), Philippe Patay (Fjallabak) et Jean-Marc Plessy (Alkemia) en Islande, Jean-Yves Marteau et Francis Bouzon (Afrique de l’Est), Lahcen Agoujil (Maroc), Antoine George (Pérou), Laurent Cocherel (Écosse), Julie Chaffurin (Corse - Réunion) et moi-même (Cuba – Mexique – Sicile – Grèce – Catalogne – Canaries), constituons l’escouade des guides ou réceptifs historiques sur nos destinations de cœur…, pour qui l’aventure est ancrée dans notre ADN…

Sans oublier nos amis regrettés : Pascal Lluch (déserts, Mongolie, Madère), Danilo Zanin (marche afghane) et Ange Colonna (Cuba – Équateur – Madagascar).
 
Le voyage d’aventure a vécu et survécu depuis avant-hier jusqu’à aujourd’hui… Il n'y a donc rien à inventer... juste à accepter ceux qui sauront offrir leur connaissance de nouveaux territoires ou leurs nouvelles idées...

 

Savoir lire un catalogue et décrypter l'offre

Quelles sont les informations d’un catalogue qu’il conviendrait de lire pour savoir d’emblée si l’offre proposée s’apparente bien à de l’aventure ?
 
-       Un voyagiste d’aventure ne peut pas proposer de nombreuses dates… tout au plus quelques-unes dans l’année, aux périodes les plus propices.
-       Il fait obligatoirement référence au guide, car l’aventure ne peut évidemment pas être sous-traitée à un accompagnateur dont l’unique qualité est souvent d’être francophone…
-       Lorsque plusieurs guides sont aptes à encadrer le circuit, il les valorise par une communication appropriée.
-       Une simple recherche sur Internet permet de vérifier que le voyage présenté ne figure pas dans d’autres catalogues… Ce qui, alors signifie qu’il est sous-traité à diverses agences, et que celui qui le commercialise n’en maîtrise pas, alors, la réalisation sur le terrain.
-       Les durées sont plus longues que celles des agences qui ont standardisé leurs offres, et proposent majoritairement des séjours de 8 jours.
-       Les voyagistes d’aventure ne font généralement pas référence au tourisme « responsable » et encore moins au « durable ».
 
Enfin, les circuits proposés parlent parfois d’eux-mêmes !

Mon ami Pascal Lluch, ex co-gérant d’Hommes et montagnes, proposait un voyage en 23 jours en Égypte pour découvrir la plus longue dune du Monde, allant de Bahariya à Kharga.
Cela nécessite évidemment de disposer d’une équipe logistique à la hauteur…
 
Il a encadré plusieurs fois un voyage né de son savoir-faire : une méharée de 500 km en Mongolie « Sur les traces des caravanes de sel » en 27 jours pour …4 250 euros par personne, soit moins qu’un voyage en 9 jours à la Jamaïque d’un récent nominé à des « awards »…
 
Certains voyagistes, comme Horizons Nomades n’ont pas interrompu leur programmation en Algérie ces dernières années…

À l’heure où toutes les agences industrielles se ruent de nouveau sur la destination, le bon choix semble important...

 

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Auteur : 
Jean-Pierre LAMIC

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