Tourmag et le désenchanteur du tourisme

Comment un journal qui ne cesse de nous abreuver d’articles sur « le tourisme responsable », et  est même co-organisateur d’un événement pompeusement dénommé « Palmes du tourisme durable », peut-il publier un tel article ?

Monsieur  Dominique Gobert, qui se définit en signature comme « éditorialiste TourMaG.com », gagnerait à n’en pas douter à écrire ses éditos  à propos de sujets qu’il maîtrise, et de plus dans un style moins méprisant…

Tous les scientifiques qui ont étudié et écrit sur le thème de la compensation carbone vous le diront : rien ne sert de planter des arbres, qui plus est loin des territoires où le carbone a été émis, si, par ailleurs, on continue à déforester…

Lire « La compensation carbone : illusion ou solution ? », PUF, novembre 2009 écrit par Augustin FRAGNIÈRE, que nous avons invité au premier Forum National du tourisme responsable à Chambéry en 2010, permettrait sans doute à M Gobert d’avoir une vision plus réaliste à propos de ce sujet…

Voici ce que les scientifiques disent sur ce thème « À propos de la biomasse, qui représente l’un des moyens, les botanistes et les spécialistes du cycle du carbone disent que ces initiatives peuvent être justifiées si les forêts plantées sont assurées de vivre au moins cent ans ; la dépense de CO2 d’aujourd’hui est donc étalée sur cette durée…

Au vu du rythme actuel de la déforestation, et des interférences politico-économiques qu’elle génère, on peut considérer qu’il est peu d’endroits au monde où l’on soit assuré de la pérennité d’une forêt.

Il y a de forte chance que l’arbre se transforme avant terme en bois d’œuvre (palettes jetables, papier, charpente ou meubles, etc.), soit détruit par un incendie, ou ne puisse s’acclimater en raison du dérèglement climatique.

Il est donc accepté de compenser des émissions bien réelles aujourd’hui par des effets futurs purement spéculatifs.

De plus, un arbre qui a fini de croître capture sensiblement moins de CO2 ».

 

Par ailleurs, M Gobert oublie de vous dire que la « brique » d’euros consacrés à la plantation d’arbres par son ami Rial passe par un organisme : la fondation Insolite Bâtisseur, qui est totalement lié à Voyageurs du Monde, puisque son gérant, Philippe Romero, n’est autre qu’un ami de M Rial ; et ex Directeur Général adjoint de ce voyagiste ; il a été pendant 25 ans l’un des piliers de l’entreprise…

Par conséquent, ces adeptes de la compensation carbone basée sur la plantation d’arbres feraient mieux de financer des actions  permettant d’éviter la déforestation, tout en aidant les indigènes des diverses parties du monde concernés  à continuer de vivre de leurs activités traditionnelles, ce qui serait beaucoup plus utile que de planter ou replanter sans savoir si ces arbres vivront a minima 100 ans !,  ou de trouver d’autres systèmes de compensation plus judicieux, il en existe !

Alors, Monsieur Rodolph Christin a totalement raison, puisque ce qu’il affirme n’est rien d’autre que le résultat de recherches scientifiques : « Plutôt que de compenser avec des forêts artificielles, il serait à mon sens préférable de ne pas détruire ».

C’est pourtant ce qui a déclenché l’ire de « l’éditorialiste. À moins que ce ne soit le début de sa phrase qui pointait du doigt : « l’appétence des acteurs pour les systèmes de compensation de CO2, comme pour neutraliser les dégâts causés », qui bien évidemment est motivée avant tout parce qu’il convient d’en faire un argument commercial.

Enfin en ce qui concerne la deuxième partie de cet édito, il serait bien, également, que quelqu’un rappelle à M Gobert cette phrase «  Au-delà d’un certain seuil, l’écotouriste devient un vandale parmi les autres… ».

Elle n’est pas de moi, mais je l’ai reprise dans chacun de mes ouvrages…

Il est donc évident que reproduire les erreurs des guides de voyages et publications touristiques avec une quelconque forme de tourisme alternatif, constitue une parfaite aberration…

Leurs rubriques « à voir », « à faire », « où manger ? », « où dormir » concentrent les masses, ce qui revient à placer le « hors sentiers battus » tant recherché au cœur des déplacements du plus grand nombre…, et à concentrer les apports de devises sur des territoires restreints, laissant à côté d’innombrables déserts où juste survivre est une gageure.

Le tourisme responsable ou "durable" se doit donc d'agir sur la répartition des flux touristiques, et il semble évident que tourisme responsable ou pas, lorsque la capacité d'accueil d'un lieu est dépassée, les dégradations commencent...

Enfin, M Gobert, on vit très bien d’une activité microéconomique, dans le tourisme, comme ailleurs !

Car cela permet de vivre en harmonie avec l’environnement extérieur, tout en développant son bien-être intérieur…

Pourquoi vouloir toujours plus ? La croissance que vous prônez depuis des lustres conduit notre société à sa perte ! Vous n’en êtes toujours pas conscient ?

Alors, la croissance ou la vie ?

Lire ici les mots de Rodoph Christin qui sont à l’origine de cette diatribe de l'éditorialiste de Tourmag.

Auteur : 
Jean-Pierre LAMIC

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