Surtourisme : La France mieux que l’Espagne ?

Les articles concernant le surtourisme en Espagne envahissent les colonnes de le presse française.

Et en France ? Que fait-on pour traiter ce problème ?

Parler de surtourisme, sans en distinguer ses différentes formes, incluant leur genèse et leurs conséquences ne sert à faire qu’un constat : Le territoire est saturé.

Mais cela est réducteur, et ne permet pas de l’éradiquer, surtout si les responsabilités des uns et des autres ne sont jamais évoquées et encore moins assumées…

Et si les conséquences sociales, moins visibles que le surnombre, sont occultées.

Celles-ci constituent pourtant les principales…

Photo ci-contre : Jean-Pierre Lamic - Saisonnière partant en station depuis Chambéry.

 

En France, plus on a de touristes, plus on est content !

Dans un article du Dauphiné Libéré, datant du 22 septembre 2022, faisant l’état des lieux du tourisme en Savoie et Haute-Savoie au cours de l’été tout juste achevé, on pouvait lire :

« Le bel été a profité en priorité aux départements de l’Ain (+23,9 % de fréquentation) et du Rhône (+23,2 %), la Haute-Savoie pointe à la 3e place (+22 %) »… « Avec près de 15 millions de nuitées enregistrées cet été (14 734 000) »…, La Haute-Savoie illustre « l’importance grandissante du tourisme estival »… dans la Région.

On apprend dans cet article que chacun des deux départements dispose « d’un nombre de lits comparable (750 000) » et que les « fréquentations annuelles sont équivalentes (30-35 millions de nuitées sur une année normale)».

Chiffres semblables à ceux de la Corse et du Morbihan.

L’article étant illustré par une photo d’une foule agglutinée sur l’un des ponts du centre historique d’Annecy, légendée ainsi : À Annecy, chef-lieu de la Haute-Savoie, les touristes étaient bien présents sur les bords du lac cet été ».

Photo qui pourrait illustrer tout article traitant du surtourisme…

Mais là, c’est bien. Les touristes étaient bien là ! Et en nombre !

 

Les conséquences du surtourisme autour du Lac d’Annecy, sont pourtant pratiquement les mêmes que celles décrites par les articles décrivant ce phénomène à Tenerife (Sud).

1 – Le prix de l’immobilier est inaccessible aux revenus moyens, voire aux personnes dites « aisées » : Prix moyen du m2 à Annecy : 6 155 €.

Prix moyen du m2 à Los Cristianos - capitale du surtourisme à Tenerife – à proximité de la plage : 3.367 €/m², avec le coût moyen d’achat d’un appartement de 259 000 euros.

Coût moyen sur l’île : 3 060 €

Salaire moyen en France : 2 630 €

Salaire moyen à Tenerife : 1.568 euros.

Si l’on veut pouvoir comparer, il faut prendre en compte les informations suivantes :

Coût de la vie très inférieur :

Pas de routes ni de parkings payants.

Transport public gratuit sur toute l’île.

Pour l’entretien d’un véhicule dans un garage :

France : de 70 euros de l'heure jusqu'à 127 euros en fonction des marques.

Tenerife : De 25 à 90 euros.

Taxe foncière : nettement inférieure

Chauffage inutile en bord de mer

Gasoil : 1,25 €/litre

Réduction de 75 % sur les bateaux (véhicules compris) et le transport aérien pour les résidents.

 

Conséquences sociales :

Si elles sont comparables, il existe des différences notoires :

Le Trafic à Annecy est totalement engorgé, et l’été, il est saturé.

L’unique moyen d’y échapper est le train, mais encore faut-il pouvoir rejoindre la gare du centre-ville, et que l’objectif ou le lieu de départ en soit pourvu.

Sur la côte Sud de Tenerife, l’autoroute et les bus gratuits permettent de quitter rapidement la zone surfréquentée. Et de se loger dans des villages environnants.

En outre, il est possible de dormir dans des camping-cars toute l’année : parkings disponibles, eau et toilettes publiques sur toutes les plages.

Où peuvent donc se loger les nombreux saisonniers nécessaires pour accueillir ces touristes à Annecy ?

Photo ci-dessous : Jean-Pierre Lamic - Mon "logement" durant de nombreuses saisons d'été et l'hiver 2022

 

Le surtourisme dans les stations de sports d’hiver

Le problème est le même dans les stations de sports d’hiver.

Prix moyen du m2 à Val d’Isère : 13 060 € / m².

Prix moyen du m2 à Tignes : 9 520 € - Rien en dessous de 5 000 €.

Prix moyen du m2 aux Arcs : 3 840 € - Hors saison tout est fermé. Il faut se rendre à Bourg Saint Maurice.

Prix moyen du m2 à la Pagne : 5 000 €.

5 100 € / m² à Bourg Saint Maurice…

Se loger est un véritable casse-tête pour l’ensemble des néo-résidents et saisonniers, ceux qui ne peuvent hériter de biens de leurs familles.

Un moniteur de ski ayant effectué toute sa carrière à l’ESF perçoit entre 400 et 500 euros / mois de pension de retraite…

Mais en France, personne ne se préoccupe de ces conséquences sociales inhérentes aux prix exorbitants (pas seulement de l’immobilier), au manque quasi généralisé de services publics (y compris pour l’accès aux soins, saturés 6 mois par an), et à la précarité liée aux activités saisonnières, aléatoires en fonction de la météorologie, des perturbations climatiques, et de l’enneigement.

 

Photo Jean-Pierre Lamic - sur fréquentation des stations de soprt d'hiver

 

Pourtant, tout va très bien Madame la Marquise.

Voici une invitation à venir discuter des conséquences du tourisme estival :

« Les territoires de montagnes reçoivent toujours plus de visiteurs l'été, pour des séjours et des pratiques sportives de plus en plus variés : randonnée, VTT, trail, cyclotourisme, parapente, en autonomie ou encadré.

Cet afflux de visiteurs est particulièrement positif pour nos territoires mais doit se développer en harmonie avec le pastoralisme ».

Réunion prévue prochainement pour aborder ce problème crucial.

 

Par conséquent, l’afflux des camping-cars, des motos, des vélos qui envahissent les cols et les vallées, ce tourisme routier, itinérant, engendrant moult perturbations au niveau local, est positif !

Sauf pour les éleveurs…, qui pourtant n’y sont pas confrontés dans leurs alpages…

 

Dans quel merveilleux pays, vivons-nous !

Il y a juste 30 ans que nous les saisonniers, nous sommes les victimes de ce surtourisme !

J’ai arrêté l’enseignement du ski pour cela.

J’ai passé 40 années de saisons en camping-cars, y compris en hiver, à l’exception de 16 en mobile-home.

Quelqu’un peut-il avoir une vie de famille et une vie sociale dans ces conditions ?

Certains moniteurs de ski enseignent encore durant les vacances scolaires à 80 ans passés, afin de compléter leurs revenus annuels.

À ces problèmes sociaux s’ajoutent désormais les réels problèmes de surfréquentation sur les pistes de ski.

De nombreux collègues, comme moi, cessent leur activité de moniteur par peur de se faire blesser grièvement, cas d’amis ou de relations que nous connaissons tous.

Par conséquent, l’acharnement sur l’Espagne n’a rien de légitime.

 

Regardons déjà ce qui se passe chez nous !

Ce qui serait déjà un point de départ pour chercher et appliquer des solutions….

Quant à nous, les victimes de ce surtourisme qui ne profite qu’aux riches, nous devons prendre exemple sur nos amis espagnols !

Le saisonnier en France est devenu l’esclave des temps modernes… (dossier à venir).

Cessons de plier le dos sous l’inacceptable…

 

 #Tourismesocial #Surtourisme #Saisonniers

 

Le Média du voyage durable est l’unique média totalement indépendant dans le milieu du tourisme responsable, durable, et de l’écotourisme. Il ne dispose d’aucune source de revenus autre que les contributions volontaires de ses lecteurs.

Vous aimez sa liberté de ton ? Les informations délivrées ? Ses portraits ? Alors, merci d’aider les rédacteurs à continuer de vous faire partager leur passion et leurs connaissances.

Pour cela, il suffit de cliquer sur ce lien .

Les articles du Média du voyage durable sont écrits par des auteurs ayant une longue expérience dans ces domaines, véritables spécialistes et experts de ces thématiques.

Auteur : 
Jean-Pierre LAMIC

Ajouter un commentaire